La REVUE AUTOMOBILE a fait sensation ces dernières semaines avec sa série «Racing Car Portrait». Chez Auto Sport Suisse, nous sommes fiers de pouvoir publier les œuvres des deux auteurs Werner Haller et Olivier Derard. Partie 7: La Renault Clio II Sport de Philipp Krebs.
Si Philipp Krebs est en parfaite symbiose avec sa Renault Clio Sport de deuxième génération, c’est parce que le Bernois et la petite française à moteur 2.0 16V se connaissent depuis près de 16 ans. Une rencontre fusionnelle pour ce jeune homme dont les débuts en compétition remontent à la fin des années 1980: «J’avais 27 ans et je venais de remporter le titre de champion de Suisse en karting», explique en substance le champion. Ses débuts, Philipp Krebs ne les réalise pas sur une française, mais bien une japonaise; au volant de sa Toyota MR2, le Suisse aligne les victoires dès le début des années 1990. «Rien de plus logique, puisqu’il n’y avait tout simplement aucune concurrence dans ma classe. Quand je me suis retrouvé seul sur mon premier podium, je me suis dit que je ne voudrais plus jamais revivre une situation aussi embarrassante.»
Ce n’est que plus tard, au début des années 2000, que Philipp Krebs craque pour sa première Renault, une Clio de première génération. L’auto, il ne la gardera pas très longtemps. Trois ans plus tard, il s’offre une plus grande Mégane, avec laquelle il remporte en 2002 la victoire au classement général de la Renault Mégane Classic Cup. «Mais, j’avais énormément apprécié la Clio», se souvient le Bernois, qui craquera pour son actuelle Clio en 2004. Au cours des 16 saisons qui suivront, le duo Krebs-Clio II décroche un total de 72 podiums – dont 31 victoires – en côte, en slalom et sur circuit. «Des podiums immortalisés sous la forme de sickers de couleur or, argent et bronze collés sur ma carrosserie», explique Philipp Krebs, non sans une certaine fierté. Les deux autocollants les plus importants à ses yeux sont apposés sur le pare-brise de sa fidèle compagne à quatre roues. En haut à gauche, celui commémorant sa brillante victoire en Coupe de la montagne en 2019. Celui de droite fait, quant à lui, référence à la Renault Clio Classic Cup de la même année.
Pour Philipp Krebs, ces différentes victoires avec la Clio n’ont pas été faciles à remporter: «La Clio II est une petite bête qu’il faut savoir maîtriser», explique-t-il en fin connaisseur. Selon lui, de nombreux pilotes auraient déjà payé leur exubérance par une sortie de piste coûteuse: «La Clio 2 est extrêmement agressive au niveau du train arrière. Beaucoup de détails concernant les voitures figurent dans le règlement de la Clio Classic Cup, ce qui implique de nombreuses pièces d’origine. Il faut donc travailler sur les réglages, le pincement, le carrossage et le train arrière. On est toujours sur le fil du rasoir.» Lancée en 1998, la Clio de deuxième génération a été produite jusqu’en 2004. Plus tard, elle sera suivie par la Clio III (2005 et 2014) , la Clio IV (2012-2019) et enfin la Clio V (2019/2020).
Les dernières générations de Clio sont également homologuées en Renault Clio Classic Cup. Plus conciliantes, elles sont nettement plus confortables à conduire, analyse Philipp Krebs. «Dans un peloton comptant essentiellement des Clio III, les meilleurs précèdent les moins bons d’une brève longueur. Avec la Clio II, les écarts sont plus marqués, parce que le comportement de l’auto est plus pointu et pardonne peu les erreurs. La Clio II exige bien plus de feeling de la part de son pilote. Bref, pour le dire de manière triviale, la Clio II se pilote avec les fesses.»
«Les coûts d’une saison de courses de côte et de slaloms sont gérables, constate Philipp Krebs. Le moteur 2 litres 16V est une merveille et il est increvable! Mais les règlements ne nous permettent pas de modifier grand-chose. Tout est d’origine dans ma Clio, sauf la gestion moteur. Développée par Magnetti Marelli, elle permet de gagner environ 13 ch. L’embrayage et la boîte de vitesses – une pure boîte sport séquentielle – doivent être vérifiés environ tous les deux ans.» Concernant le coût de la licence et les finances d’inscription, Philipp Krebs ne dépense qu’entre 8000 et 10 000 francs par saison, soit environ 1000 francs par course. A condition, bien sûr, que la «danse sur le fil du rasoir» ne se termine pas dans les glissières de sécurité. «En plus des pneus utilisés pour les essais, j’ai besoin de pneus de course qui tiennent toute une saison.» Il n’y a pas grand-chose d’autre à prévoir, explique le Bernois. Après une course, j’effectue les contrôles habituels et je vidange la boîte de vitesses, si nécessaire. C’est tout ce qu’il y a à faire», dit-il. Avant de rajouter: «Le rapport prix-performances est très correct.»
Au fil des ans, Philipp Krebs s’est pris d’affection pour sa Clio II. «L’année dernière, quand j’ai remporté mes titres lors de la finale du Championnat de Suisse de la Montagne aux Paccots, je lui ai déposé un gros baiser sur le capot. Une voiture ne vit pas et n’a sans doute pas d’âme, mais je lui parle souvent en course et elle me répond.» Il faut dire que lorsqu’il l’achète en 2004, la Clio est une véritable épave. Mais, avec Markus Müller, son copain mécanicien, il va la reconstruire entièrement. Forcément, cela crée des liens. Néanmoins, Philipp Krebs rêve aujourd’hui d’une autre voiture, plus puissante, ce qui exigera inévitablement plus d’argent et de soutien financier. «On verra bien», conclut le Bernois, avec un sourire.
RENAULT CLIO 2.0 16V SPORT
Année de production: 2002
Carrosserie: Citadine, 3 portes
L x l x h mm: 3773 x 1639 x 1409
Empattement mm: 2472
Poids en ordre de marche kg: 910
Moteur (construction): 4-cylindres, 2,0 litres, 16 soupapes
Puissance ch: 195 (230 Nm, 7200/min)
0-100 km/h sec: N.C.
Vitesse maximale km/h: 230
Châssis & trains roulants: AV/AR suspensions réglables en hauteur, AV triangles transv., AR barre de torsion; AV/AR freins à disque
RA #21, 22 mai 2020, auteur: Werner Haller, www.revueautomobile.ch