La REVUE AUTOMOBILE a fait sensation ces dernières semaines avec la deuxième partie de la sa série «Racing Car Portrait». Chez Auto Sport Suisse, nous sommes fiers de pouvoir publier les œuvres de Werner Haller. Partie 15: La Norma M20 FC de Michel Zemp.
En 2019, Michel Zemp avait terminé quatrième au classement général du Championnat de Suisse de la Montagne. Un résultat honorable pour ce Lucernois de 34 ans qui disputait sa première saison au volant de sa Norma M20 FC: «Cette voiture m’a permis de remporter ma catégorie. Mieux que ça, je ne pouvais pas faire. D’ailleurs, les voitures plus rapides appartenaient à une autre classe, nettement plus élevé en termes de puissance», se réjouit-il.
Norma a été fondée en 1984 en France, à Saint-Pé-de-Bigorre, par Norbert Santos et Marc Doucet, dont les prénoms ont donné naissance à celui de la marque (Nor-Ma). Pétris de très grandes ambitions, les deux hommes avaient inscrit leur écurie aux 24 Heures du Mans en 1990. Une course qu’ils souhaitaient disputer avec leur prototype M6, inscrit en Groupe C. Construite à l’origine pour être équipée d’un V8 Cosworth, la Norma a finalement été dotée d’un bloc expérimental «Moteur Guy Nègre» (MGN) W12. Malheureusement, en raison de problèmes moteur, la M6 ne quitta jamais son stand. Néanmoins, Norma revint au Mans en 1992, puis en 1995, 2000, 2003 et 2010. Et ce sans jamais passer la ligne d’arrivée. En 2011, enfin, une Norma voit enfin le drapeau à damier, sans toutefois réussir à se classer.
Si les circuits ne réussissent pas à Norma, c’est exactement le contraire qui se passera, plus tard, sur les pans inclinés des courses de côte. Sacré onze fois Champion d’Europe de la montagne, l’Italien Simone Faggioli atteste d’ailleurs de ce fait, lui qui a remporté ses cinq derniers titres au volant d’une Norma M20 FC. Pour Michel Zemp aussi, les Norma sont les outils idéaux pour se battre dans la montagne: «La Norma est faite pour la course de côte», dit-il. Désormais rebaptisée Nova, la société française Norma a depuis lors accouché d’une nouvelle auto, la Nova NP01.
En raison du Covid, l’ancien pilote de voitures de tourisme qu’est Michel Zemp n’a pas eu beaucoup l’occasion de rouler avec son auto ces derniers temps: «Depuis 2018 et l’anneau du Rhin, où je l’avais pilotée pour la première fois, je n’ai disputé que quelques courses, essentiellement à l’étranger. Comme son ancien propriétaire l’a achetée neuve en 2016 et n’a que très peu roulé depuis, mon proto ne comptabilise qu’une vingtaine de courses au compteur», dit Zemp. La dernière en date? Le Hillclimb Masters à la mi-octobre, à Braga, au Portugal. «Autant dire que j’ai encore beaucoup à apprendre de la voiture», lâche-t-il.
Dès ses premiers tours de roues, Zemp a été impressionné par les vitesses élevées de passage en courbe que l’auto permettait: «Il n’est pas facile d’attaquer un virage à 200 km/h lorsque l’on n’est pas encore en confiance. Il faut y aller progressivement. Avec le moteur Honda de 2,0 l qui l’équipe, ma Norma est unique en Suisse», dit-il. Quant à la variante plus performante de 3,0 l, elle ne court pas encore dans notre pays. Ce qui soulève une question: pourquoi avoir choisi cette voiture de course? «Pour des motifs de sécurité, dégaine Zemp. J’ai plus confiance en une monocoque qu’en un châssis tubulaire.» C’est aussi par sécurité que Zemp a ajouté un arceau additionnel au niveau de la tête. En outre, la position de conduite a été modifiée spécifiquement pour lui: «A l’origine, la colonne de direction se trouvait entre mes jambes, ce qui m’empêchait de freiner du pied gauche. Maintenant, elle les surplombe. En outre, je dispose d’un moyeu de volant allongé», précise Zemp. De plus, son frère Sandro, polymécanicien, a créé en impression 3D un carénage de cockpit. Finalement, Zemp a aussi apporté des améliorations au niveau de la culasse et du radiateur d’huile.
Et lorsqu’on demande à Zemp ce qu’il pourrait encore améliorer sur sa voiture, la réponse fuse: «Je pourrais l’alléger avec du carbone. Cela dit, ça risquerait de me coûter très cher», rigole-t-il. Un constat également valable en cas de changement de moteur: «Passer à un 3,0 litres m’obligerait à améliorer et transformer énormément de choses. Non, ce n’est pas une bonne idée», objecte-t-il. Tant que Zemp a encore quelque chose à apprendre de sa Norma, il n’en changera pas, et ce même si cela l’empêche de se battre pour le titre de Champion de Suisse de la Montagne.
NORMA M20 FC
Année de production: 2016
Carrosserie: Monocoque
L x l x h mm: 4350 x 1890 x 1060
Empattement mm: 2630
Poids en ordre de marche kg: 520
Moteur (construction): Honda
Puissance ch: env. 300
Vitesse maximale km/h: dépendant du rapport de T.
Châssis & trains roulants: Öhlins
RA #44, 4 novembre 2021, auteur: Werner J. Haller, www.revueautomobile.ch