Les portraits de voitures de course publiés dans AUTOMOBIL REVUE ont atteint un statut culte. Chez Auto Sport Suisse, nous sommes fiers de pouvoir publier les œuvres de Werner Haller respectivement Olivier Derard chez nous aussi. Voici l'Alpine A110 RGT de Sergio Pinto.
C’est tout naturellement que Sergio Pinto a eu l’idée de se lancer dans l’aventure Alpine: «Certes, j’étais enchanté de la Renault Clio Super 1600 que je possédais auparavant. D’ailleurs, je ne cherchais pas forcément à la vendre. Malgré tout, un jour, quelqu’un m’en a proposé un très bon prix, ce qui m’a ouvert de nouvelles perspectives en matière de projet automobile. Plusieurs options s’offraient à moi. Il y avait tout d’abord la solution de partir sur une Rally2 conventionnelle et puis il y avait l’Alpine. La voiture profitant d’un énorme capital sympathie auprès du public, ce projet m’a tout de suite plu, d’autant plus que la française était un peu moins chère qu’une Rally2, ce qui ne gâchait rien».
Si elle est effectivement moins chère qu’une Rally2 standard (210 000 euros hors taxes environ), l’A110 R-GT (168 000 euros hors taxes environ) coûte tout de même près de deux fois plus cher qu’une Alpine de série. Au fond, qu’est ce qui explique un tel écart? Comme toutes les A110, l’A110 Rallye, dite R-GT est construite à Dieppe, du moins en partie puisqu’elle ne suit pas le process de fabrication standard: «Une fois la coque assemblée, elle est rapidement sortie de la ligne de production et envoyée chez Signatech, à Bourges, dans le département du Cher», explique Sergio Pinto. Avant de continuer: «Là-bas, ils posent l’arceau homologué ainsi que les autres pièces spécifiques à l’A110 Rallye comme les longerons avant et arrière. Ceux-ci sont vraiment étudiés et dessinés pour le rallye. Les versions destinées aux circuits comme la GT4 par exemple disposent de profilés différents.» Les suspensions ALP Racing sont bien évidemment eux aussi dédiées à cette version rallye puisqu’elle sont à 3 voies ajustables et dotées de butées hydrauliques.
Pour le reste, les trains roulants sont identiques à la version routière. «Le moteur est basé sur la version de série mais il est lui aussi amélioré puisqu’il profite d’une cartographie spécifique», détaille Sergio Pinto. Il jouit en outre d’un dispositif anti-lag ajustable. Sur papier, il situerait sa puissance aux environs de 330 ch. Une valeur qui est supérieure à ce que propose Alpine sur les différentes versions routières de l’A110, lesquelles ne dépassent jamais les 300 ch, même dans l’inédite variante R, dévoilée récemment. Le 4-cylindres, qui est accolé à une boîte de vitesses séquentielle à 6 rapports paddle-shift et positionné transversalement à l’arrière, transmet sa puissance aux deux roues arrière via un différentiel à glissement limité réglable.
L’aspect «réglages» a justement représenté l’un des principaux défis auxquels Sergio Pinto a été contraint de faire face: «Lorsque la voiture nous a été livrée, elle est arrivée paramétrée avec un set-up de base et c’est à nous qu’il a appartenu de peaufiner le comportement», se souvient-il. Au contraire, des voitures plus basiques comme la Renault Clio Rally5 par exemple, l’A110 peut s’ajuster au niveau de ses amortisseurs: «Tu peux travailler la hauteur, donner de la plonge, augmenter ou diminuer les détentes. Tu peux aussi régler les trains roulants, le parallélisme, le carrossage, sans oublier l’ABS ou l’ESP», explique le pilote.
Tous ces paramètres se commandent via une console centrale, localisée au centre de la voiture, entre les sièges du pilote et du copilote, en l’occurence le poste de Sophie Barras, en championnat de Suisse des Rallyes. Ce module de commandes n’est pas le seul élément inédit de l’habitacle; l’intérieur n’a pas grand-chose à voir avec celui d’une A110 standard. Certes, la partie supérieure du tableau de bord ainsi que le combiné d’instrumentation sont repris tels quels de la version de série mais pour le reste, tout est différent: «Les contreportes sont recouvertes de mousse dont la structure vient s’emboîter dans l’arceau. Cet agencement est une obligation de la FIA. Le pédalier, le volant, les sièges: tout cela est différent. Il n’y a pas non plus de moquette», détaille Sergio Pinto.
Plus que le prix, «c’est surtout la nouveauté et la rareté qui m’ont attiré vers l’Alpine», rajoute-t-il. Exclusive, l’A110 R-GT l’est effectivement puisque le Valaisan est le seul pilote à avoir disputé toutes les courses du championnat de Suisse des Rallyes avec pareille monture. Aujourd’hui, ce monopole ne lui plaît plus autant qu’auparavant, par manque de rivaux contre qui se battre à armes égales: «Avec ses deux roues motrices, l’Alpine est très performante mais uniquement sous certaines conditions. Elle est moins polyvalente qu’une Rally2, dotée de la transmission intégrale», regrette Sergio Pinto. Difficile donc de régater avec les stars du championnat de Suisse que sont Mike Coppens ou Jonathan Hirschi, par exemple. Cela dit, ce déficit de motricité n’a pas empêché le pilote helvétique de se démarquer. Mieux que cela, lui et sa voiture atypique ont assuré un magnifique spectacle le long des spéciales. Ce qui sera encore le cas cette année.
Alpine A110 RGT
Année de production: 2021
L × l × h (en mm): 4180 x 1800 x 1250
Empattement (en mm): 2420
Poids à vide (en kg): 1080
Carrosserie: Monocoque en aluminium
Moteur: 4-cylindres turbo, 1798 cm3
Transmission: Séquentielle à 6 rapports + marche arrière. RWD
Puissance/couple: 330 ch/environ 340 Nm
Vitesse maximale: environ 200 km/h