Comme dans les derniers numéros, nous publions ici l'un ou l'autre article du magazine trimestriel de l'ASS. Partie 3: La course du Klausen – une grande classique devient virtuelle
Hans Stuck a dit un jour: «J'aime les montagnes plus que tout. Et parmi ces géants, le col du Klausen est l'un de mes préférés.» Le célèbre pilote allemand n’était pas le seul à le penser. De 1922 à 1934, la fine fleur des courses automobiles internationales - de Rudolf Caracciola à Louis Chiron, en passant par Tazio Nuvolari – s'est réunie à dix reprises pour disputer cette course de côte de 21,5 kilomètres. L'homme et la machine étaient mis à rude épreuve par la longueur de ce tracé, l'état de la route, mais aussi, parfois, les conditions climatiques.
Après la course de 1934, il a fallu attendre près de 60 ans pour que les moteurs rugissent à nouveau au col du Klausen, lors du «Memorial» de 1993. Après d'autres rééditions en 1998, 2002 et 2006, la dernière course internationale du Klausen a été disputée en 2013.
Aujourd’hui, une nouvelle renaissance est imminente. À l'occasion de son 100e anniversaire, la course du Klausen revivra le 27 août 2022. Mais attention, pas sous la forme que vous avez pu connaître auparavant. Non, cette course sera virtuelle, avec des simulateurs modernes qui vous donneront l'impression de piloter une Mercedes ou une Auto Union sur la route menant au col du Klausen, comme lors de la grande bataille des Flèches d'Argent, en 1934.
La RacingFuel Academy SA s'est fait un nom en tant qu'organisatrice du championnat suisse de sim racing et a rendu la course de Klausen virtuellement possible. Aux dires de son directeur, Wani Finkbohner, il a fallu 1000 heures de travail pour cartographier la piste. Finkbohner et ses dix collaborateurs de Horgen (ZH) ont procédé méticuleusement. Les premiers mètres après le départ ont été imités par des pavés, comme à l’origine. Le reste - à ce jour - est asphalté. «Mais quand la course d’août 2022 aura été reconstituée, nous aurons une piste dans son état d'alors, c'est-à-dire principalement en terre battue» explique Wani Finkbohner, dont la société a déjà recréé les tracés du Gurnigel et d'Arosa.
Lors d’un test, Auto Sport Suisse a constaté que la simulation était déjà très réaliste. L'Auto Union de Stuck est difficile à apprivoiser virtuellement. Les roues étroites de l'époque et la poussée du moteur 16 cylindres ont rapidement mis en difficulté l'auteur de ces lignes. Même le conseil de Robin Faustini, chef instructeur, vainqueur à Oberhallau et employé de la RacingFuel Academy depuis janvier, n'a pas été d'une grande utilité: «Cette voiture se conduit avec l’accélérateur!»
La version routière proposée par la RacingFuel Academy est un peu plus facile à dompter. Mais même dans ce cas, le chrono d’ASS reste très éloigné du record. Ce dernier fut établi en 1934 par Rudolf Caracciola, au volant d’une Mercedes W25 de 354 ch, en 15 min 22,2 s. «Ce sera le temps à battre lors de notre événement virtuel du 27 août 2022», annonce Wani Finkbohner.
En vue de la «1ère
course virtuelle du Klausen», le 27 août 2022, chacun peut participer au «challenge de la course du Klausen», à Horgen ou dans l’un des centres partenaires (www.racingfuel-academy.com), pour tenter de faire tomber le record. Les vainqueurs gagneront un bon pour un week-end au col du Klausen, dans le nouvel hôtel «Klausenpass».
Mais revenons au chrono record de Caracciola, en 1934: personne n’a fait mieux, à ce jour, que ces 15 min 22,2 s pour couvrir les 1237 mètres de dénivelé entre Linthal et le col du Klausen. Hans Stuck père a manqué la marque de 3,2 s... La vitesse moyenne de 83,9 km/h donne une idée de la prestation de «Caratsch». La comparaison avec la première édition est édifiante également. Le premier vainqueur, en 1922, un certain Josef Nieth de Bâle, a tout de même eu besoin de 21 min 43 s pour négocier les 136 virages. Sa vitesse moyenne était de 56,7 km/h, soit à peu près la même que celle de l'auteur, dans la vie réelle.